Reflexion universitaire sur quartiers populaires

 

*Des "loubards" aux "jeunes des cités"*
*Gérard Mauger, Sociologue,
directeur de recherches au CNRS et chercheur au Centre de Sociologie
Européenne (CNRS-EHESS-Paris I).*
*mardi 21 septembre 2010 – 18 h – Bât. A, salle 06 *

Université Paul Valéry - Route de Mende – Montpellier
Entrée libre et gratuite

Au tournant des années 1975, le processus de consolidation de la
condition salariale de l’après-guerre fait place à une insécurité
sociale croissante et à la déstabilisation des modes de vie des classes
populaires. Pour rendre compte de la socio-genèse des formes
contemporaines de « la culture de rue » et des pratiques délinquantes,
il faut d’abord les inscrire dans le cadre de « la crise de reproduction
» des classes populaires, dont « les jeunes des cités » constituent le
point focal depuis le début des années 1980.
Comment rendre compte ensuite de la sociogenèse des carrières déviantes
chez les « jeunes des cités » ? Plus spécifiquement quels sont les
rapports qui s’établissent entre familles populaires et « école de masse
», entre école et « culture de rue », entre culture de rue et marché des
emplois précaires ? Dans le monde des bandes, le souci de sauver la face
passe à la fois par l’affirmation des valeurs de virilité, la recherche
d’alternatives au salariat et par la quête des attributs de la réussite
financière. Les transformations du milieu sont liées à la place prise
par les trafics en tout genre (à commencer par le trafic de drogues) et
la plus grande porosité qu’elle implique par rapport au monde des
bandes. Ainsi le monde des bandes et le milieu n’apparaissent plus
séparés que par le degré de professionnalisation des activités
délinquantes. Si la bonne volonté culturelle sous-tend aujourd’hui comme
hier la bohème populaire, on peut maintenant y distinguer deux pôles :
l’un associé à la culture hip hop, l’autre au « revival » musulman.
En définitive, la sociogenèse des trajectoires délinquantes dans la
société française contemporaine apparaît sous-tendue par une économie du
« capital symbolique », de « l’importance sociale », de « la
reconnaissance », ou, comme on dit dans les banlieues, du « respect »,
de « la réputation », c’est-à-dire aussi des « raisons de vivre ».

Gérard Mauger à publié ces dernières années :
L’émeute de novembre 2005. Une révolte protopolitique,
Bellecombe-en-Bauges, Éditions du Croquant, Coll. « Savoir/Agir », 2006.
Les bandes, le milieu et la bohème populaire. Études de sociologie de la
déviance des jeunes des classes populaires (1975-2005), Paris, Éditions
Belin, Coll. « Sociologiquement », 2006.
La sociologie de la délinquance juvénile, Paris, Éditions La Découverte,
Coll. « Repères », 2009.