Jnea Image http://www.assorennes.org/La-crise-est-dans-l-associatif
1 - Vie associative et démocratie
Quel que soit leur secteur d’activité, les associations concourent au développement de la vie sociale et démocratique d’au moins deux manières :
Parce qu’elles ne se situent pas dans le cadre institutionnel « officiel », parce qu’elles reposent largement sur le volontariat, hors du champ commercial et hors des champs de la contrainte et de la hiérarchie, les associations sont les seuls instruments collectifs de ré appropriation de la parole accessibles par les populations les plus précarisées. Ainsi en est-il particulièrement des associations d’éducation populaire, dont les préoccupations et les activités sont précisément centrées sur cette problématique de rendre la parole et les moyens de l’action à ceux qui en sont privés.
2 - Quelles ressources pour les associations ?
Compte-tenu de la spécificité du monde associatif, et particulièrement des associations d’éducation populaire, seule une infime minorité des associations peuvent s’autofinancer sur la seule base des cotisations demandées à leurs adhérents et ceci d’autant plus que celles-ci s’adressent à des publics précarisés.
A cette impossibilité de trouver un public solvable, s’ajoute le fait que le développement de projets d’éducation populaire représente un travail très important et de longue haleine, impossible à réaliser sur des bases uniquement militantes, et impliquant le recours à des emplois salariés, même si la dimension bénévole reste importante et indispensable. Ainsi le recours des associations d’éducation populaire au financement public est-il à la fois légitime, de par leurs buts visant à la ré appropriation de la citoyenneté par les populations, mais également indispensable en raison de la nature même des projets à mettre en œuvre pour atteindre ces buts. Or l’accès au financement public a évolué vers des modalités totalement en opposition avec cette réalité.
La traduction concrète de ce dispositif est la disparition des subventions de fonctionnement jugées sources de gaspillage et de dépenses sans contrôle et par conséquent inefficaces, au profit de financement par projets censé plus contrôlable et par conséquent plus « performant ». Or il s’agit là tout d’abord d’un a priori fondé sur une confusion : « subvention de fonctionnement » n’est en aucun cas synonyme de « financement sans contrôle ». Il est en effet tout à fait possible de vérifier l’utilisation des fonds et sa conformité aux buts des associations bénéficiaires, tant sous forme de contrôle sur pièces conduit par les financeurs que par le recours à des audits externes par exemple. Il s’agit ensuite d’une illusion sur le caractère plus contrôlable des dépenses dans le cadre de projets. L’affectation de dépenses, en tout ou partie, à un projet est en effet largement sujette à variations en fonction des critères utilisés... sauf à rendre inéligibles la plupart des dépenses, de manière souvent arbitraire, et finalement contraire au but affiché de soutenir les projets !
3 - Mais des conséquences bien réelles sur les associations
Les associations sont pénalisées par ces évolutions de deux manières :
4 - Changer les règles du jeu pour vraiment soutenir la vie associative
Nous considèrons qu’il est urgent pour la démocratie et pour la vie associative qu’un débat public ait lieu et que ces pratiques soient remises en questions. Nous continuons de considérer que les associations contribuent à la vie démocratique et doivent être à ce titre éligibles au financement public, au moins autant par exemple que les entreprises qui bénéficient d’une fiscalité avantageuse dans des zones franches urbaines avec des résultats pas toujours perceptibles.
Nous continuons à considérer l’allocation de subventions de fonctionnement comme un moyen indispensable à l’existence et à la survie des associations, et rappelle encore une fois que « subvention de fonctionnement » n’est pas nécessairement synonyme de « financement sans contrôle », confusion souvent entretenue pour motiver la suppression de ce mode de financement.
Nous ne renoncerons pas à développer des projets en direction de nos concitoyens les plus précarisés et éloignés de leur droit légitime à participer à la vie démocratique.
Nous continuerons pour ce faire à solliciter des financements publics et fera savoir le cas échéant quels obstacles lui sont opposés par les collectivités.
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D’après Insee Clap, en France, les associations représentent plus des ¾ des salariés de l’économie sociale et solidaire en 2006, soit 9,8% de l’emploi avec une croissance de 4,2% sur une année. Les secteurs d’activités les plus concernés sont les activités financières et assurances (sous formes de coopératives et mutuelles), l’éducation populaire (sous forme d’associations) et les services aux particuliers et aux entreprises (également sous formes d’associations). En matière de financement, la principale ressource reste les subventions publiques, et ceci bien avant les emprunts bancaires et la générosité privée.
Le nombre de ces structures augmentent en moyenne de 4% chaque année et on en recense aujourd’hui plus de 1,1 million dans le pays. Cependant, selon une récente étude réalisée au CNRS, les financements de l’Etat ont décrû de 5% alors que ceux des conseils généraux ont augmenté de 20% entre 1999 et 2005. Ce contraste se justifie par la répartition des fonds publics. En effet, les plus anciennes associations voient leurs budgets à la baisse tandis que les petites nouvelles les voient à la hausse. Mais la viabilité des autres associations est en péril… une partie d’entre elles, dépendantes de l’Etat, n’ont pu survivre à cette baisse de financement. La question des collectivités relais est soulevée mais n’apporte comme seule réponse que la possibilité d’un financement de façon partielle… et seulement pour certains types d’associations.
Au vu du nombre croissant des associations, le désengagement de l’Etat les amène à se concurrencer les unes et les autres pour l’accès aux ressources publiques et privées et au travail salarié et bénévole.
De l’autre côté de la Manche, un plan d’aide d’urgence a été lancé. Le gouvernement britannique débloquera 40 millions de livres soit près 50 millions d’euros pour venir en aide aux associations caritatives, premières victimes de la crise. Les difficultés économiques et la dégradation du pouvoir d’achat entraînent une baisse des dons, ce qui contraint les associations à licencier une partie de leurs salariés.
En fin d’année dernière, c’est à l’éducation populaire de se prendre un douloureux uppercut. Supportant les effets négatifs de la crise (contraintes économiques, suppression de poste d’enseignants…), les Associations éducatives complémentaires de l’enseignement public se voient confisquer les renforts mis à disposition par l’Education Nationale, soit 25% de leurs subventions de 2008. Cette diminution bien plus brutale qu’inattendue menace encore plus fort leurs actions sans compter leurs emplois. Reconnaissant le rôle essentiel dans le domaine de l’éducation et de la cohésion sociale de ces associations, le ministre de l’éducation nationale a déclaré que les moyens consacrés aux associations d’Education populaire passaient de 75 à 114 millions d’euros pour 2009. La décision de ce dernier repose sur celle de la passation d’une « logique de financement de structure à une logique de financement de projets ». Or, cette logique fait déjà état depuis janvier 2007. La promesse d’un engagement financier semble dès lors moins crédible et en contradiction avec l’avenir prévisible des associations.
Oubliées du plan de relance, les autres associations encore en activité se voient contraintes à se ménager différemment en vue d’une diversification des sources de financement. En premier lieu, elles vont, pour la quasi-totalité, être amenées à réduire considérablement leurs budgets. De plus, cette diversification présente des limites car toutes les associations ne sont pas habilitées à recevoir tous types de financement. Les associations d’action sociale ne peuvent qu’en majeure partie bénéficier de dons privés et de mécénat d’entreprise contrairement aux associations sportives qui vivent principalement de cotisations. Dans le contexte économique actuel, ces solutions de recours de plus en plus utilisées risquent d’orienter leurs actions en direction d’un public plus solvable.
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